Nouna : voici ce qu’il faut savoir du canton de Soin.
Le canton de Soin a été créé en 1923 avec pour premier chef, Kassoum Traoré qui a régné pendant 60 ans. Il est l’une des figures emblématiques du canton de Soin.
C’est au cours de son règne que le canton a connu une ouverture aux autres communautés ,à ses voisins et au monde.
Historique du peuplement ayant fondé la belle cité de l’hospitalité.
Le peuplement de la commune de Nouna dans sa présentation actuelle s’est fait de façon diversifiée au cours de l’histoire.
Les Marka qui forment la majorité des habitants sont les fondateurs de la localité historique de Nouna, chef-lieu de la commune du même nom.
La tradition orale rapporte que Nouna était jadis habité par les Bwa qui ont cédé la place aux Marka venus du Mali avant le XVIIIe siècle lors d’une expédition expansionniste et conquérante.
Le fondateur de Nouna actuel fut un chasseur du nom de Hana Karambiri venu de Soin à la recherche de gibiers et de points d’eau.
Bien que Nouna fût par la suite un pôle d’attraction et un centre important, elle avait toujours été tributaire de Soin, car Hana Karambiri avait prêté allégeance à son frère aîné qui y régnait. « Noumouna » devenu par contraction « Nouna » signifie « j’ai régénéré, je me suis épanoui », ce qui traduit l’hospitalité et la générosité naturelle du terroir.
Les Konaté et les Zoromé, puis plus tard les Goussa, les Kiénou et les Dana en provenance d’horizons divers s’installèrent à la suite du fondateur.
Les Bwa qu’on considère à tort ou à raison comme les premiers occupants de Nouna, partis à l’arrivée des Marka, semblent pourtant côtoyer ces derniers de longue date dans la mesure où ils pratiquent des manifestations coutumières souvent semblables.
En tout état de cause, les peuples ayant fondé Nouna constituent aujourd’hui un brassage humain formé de Marka, Bwa, Peulhs, Moose, Sana et Dioula.
Organisation du pouvoir traditionnel.
Les Marka, premiers occupants de Nouna, sont les propriétaires terriens. Ils détiennent le pouvoir traditionnel; les prêtres possèdent des pouvoirs mystico-religieux. Ils font les sacrifices et les rites coutumiers dans l’optique de rechercher la tranquillité dans le terroir.
Ces autochtones ont un poids sociopolitique non négligeable dans l’évolution de la commune.
Ce pouvoir traditionnel politique est détenu par les chefs de canton. Ce dernier est une institution politique mise en place par l’administration coloniale et sa succession se perpétue de père en fils ou de frère en frère.
Deux cantons se partagent les villages et la ville de Nouna : Soin et Dionkongo.
Le canton de Soin comportait 37 villages dont Nouna où traditionnellement le chef de canton a élu résidence.
Le chef de canton demeure une personne ressource qui intervient dans la bonne application des coutumes, participe à la résolution de certains conflits où il sert souvent de médiateur. Il détient un pouvoir symbolique de nos jours qui est plutôt prestigieux dans le contexte actuel.
Traditionnellement, les villages dépendant du canton ont un chef de village et un chef de terre qui règlent les coutumes et les problèmes locaux de leur ressort territorial.
En cas de difficulté notable, le chef de canton intervient pour trancher les différends.
En reconnaissance de ces actes d’administration traditionnelle, le chef de canton reçoit annuellement des présents de certains chefs coutumiers des villages de son ressort territorial.
On en retient pour l’essentiel que ledit canton regroupe trente-sept (37) villages et se subdivise en quatre (04) unités à savoir le Numadu composé de huit (08) villages, du Sodu qui compte sept (07) villages, du Lédu qui comprend treize (13) villages et d’un groupe composé de six (06) villages.
En rappel, la dynastie des TRAORE, issue du village de Soin à 08km de Nouna, a débuté avec Sa Majesté Kassoum TRAORE qui a régné de 1916 à 1935 et depuis lors tous les chefs qui l’ont succédé ( au nombre de trois (03) dont l’actuel) ont toujours résidé à Nouna, chef-lieu de la Province de la Kossi. Sa Majesté El adj Karim TRAORE fut le 9ème chef de canton après son installation en 2010. Il s’est éteint le Jeudi 05 Novembre 2020. C’est son fils Mamadou TRAORE qui le succède ce 30 Mai 2021.
Les grandes figures qui ont marqué l’histoire du canton de Soin
Le canton de Soin a connu une histoire mouvementée de par les multiples guerres de succession et de positionnement dans la localité. Autrefois, c’est un chef de guerre qui dirigeait le canton de Soin, mais c’est avec l’arrivé des colons que cette histoire a pris une autre tournure avec beaucoup de rebondissements.
Des grandes figures ayant marqué l’histoire du canton de Soin avant l’arrivée des colons sont entre autres, TRAORE Tarama, TRAORE Moussa Fima, TRAORE Moussa Wiliima, TRAORE Yaambo et TRAORE Kassoum.
C’est sous le règne de ce dernier qu’un protectorat a été signé avec les colons. TRAORE Kassoum avec l’aide des Peulhs qui payaient lourdement les impôts de capitation engagèrent une guérilla farouche contre TRAORE Yaambo qui a été arrêté et destitué de son trône.
Celui-ci ayant vu la puissance des colons signa un traité de protectorat avec eux. Il a donc creusé un grand puits pour s’installer à Soin, village situé à 8km à l’Est de Nouna.
Il a choisi ce village pour pâturer ses chevaux par la présence de longues herbes qui causent des démangeaisons d’où le nom de Soin à ce village.
Très intelligent et informé de la vie de son canton, TRAORE Kassoum entreprit des réformes en faisant payer les impôts de capitation à Soin au lieu que ses sujets allèrent s’acquitter jusqu’à Dédougou à cause de la longue distance qui épuisait ses populations.
Sous son règne, TRAORE Kassoum, chef de canton de Soin a fait une ouverture aux autres peuples tels que les Bwaba les Dogons, les Samo et les Mossis. C’est pour régner en toute sécurité, qu’il donna l’ordre à son fils TRAORE Dramane de venir s’installer à Nouna avec un détachement des colons. Ce dernier a fait un stage auprès de l’Emir de Boobola.
Alors, le nom Nouna signifie les bourgeons des feuilles des arbres en pleine croissance ou rajeunissement. Donc, certains disent canton de Soin ou canton de Nouna, c’est la même chose.
Bamusso, une amazone venue de Pâ.
Une amazone nommée Bamusso venue de Pâ, village à l’Est de Nouna, a tué Moussa Wiliima à coup de flèche empoissonnée lors d’une embuscade dans la forêt. A la réponse de ce forfait criminel, les habitants du canton de Soin lancèrent une bataille rangée contre cette dernière. Par la suite, Pâ fut détruit et la population se refugia à Barré, un village situé au Nord-est de Nouna.
Nombre de villages qui couvraient le canton de Soin.
Le canton de Soin couvrait tout naturellement plus de 37 villages en son temps, mais de nos jours, avec les érections de plusieurs villages, nous sommes à plus de 60 villages. Les ethnies qui y occupent sont les Marka couramment appelés « Dafing » par les Dioulas qui tire son nom du pagne traditionnel bariolé, noir et en cotonnade. Les Bwaba, les Dogons, les Samo, les Peulhs et les Mossi, chaque regroupement ethnique a désigné son chef qui rendait compte au chef de canton.
Les rapports qu’entretenait le canton de Soin avec ses voisins .
Le canton de Soin entretenait de bons rapports de respect mutuel et de fraternité avec ses voisins. Si vous remarquez Nouna est une ville cosmopolite issue d’un brassage ethnique qui vit en communion et de solidarité agissante, même si un problème survenait, la sagesse historique et morale qui habitait les dignitaires, les guidait pour circonscrire la violence et minimiser les dégâts. Le voisin est avant tout un premier parent de proximité.
Rôle et place de l’éducation dans le canton de Soin
L’éducation occupe une place charnière dans la société Dafing. Elle véhicule la promotion des valeurs intarissables telles que le respect des personnes âgées, l’instauration et le respect de la dignité humaine, le respect de la parole donnée, le pardon, la tolérance, la maîtrise de soi, le travail bien fait, le sens du sacrifice, le courage, l’honneur et la bravoure. Cependant avec la mondialisation de par son téléphone, internet et son frottement de multiples cultures, ces valeurs sont remises en cause aujourd’hui. Cela se justifie par la débauche morale de notre jeunesse. Ces dix (10) dernières années, le constat est visible étant donné que le sens de l’autorité est effrité et bafoué.
La femme au cœur du territoire cantonal de Soin
La femme, la mère de l’humanité reste et demeure une actrice de développement. C’est elle qui donne et entretient la vie. La femme est irremplaçable car nous ne pouvons pas la récompenser sans nul pareil. C’est elle, depuis le premier chant du coq se lève pour faire les travaux ménagers et ne se repose que tard dans la nuit.
Le Chef de canton de Soin est apolitique
Le chef du canton de soin est apolitique de par le rôle qu’il occupe dans la société, Il y va de sa crédibilité. En tant que personnalité morale, il s’abstient de faire la politique politicienne. Il est au chevet de la société pour la secourir en cas de dérapage. Il observe, interpelle et conseille pour un mieux être au sein de la population.il est le garant des traditions. Il doit être prévoyant.
Madi Sidparaadye KEBRE/Directeur de publication de burkinaweb.net
Rassemblé au cours d’une interview avec le défunt chef de canton, El hadj Karim Traoré.
