« Leçons apprises des camps éducatifs 2019 contre la sexualité précoce.
J’en suis ressortie abasourdie. Pour les filles, le téléphone portable constitue le principal point faible. Il les expose en les rendant accessibles aux personnes mal intentionnées. Comme des libellules, elles jouent avec le feu en demandant elles-mêmes les numéros. Elles prétendent toutes vouloir faire connaissance et des amis. Elles ouvrent facilement la porte de leurs vies privées aux loups. Le numéro du portable est la clé d’accès à leur vie intime pour les déstabiliser, à l’insu des parents. Ces personnes s’arrangent ensuite pour les berner en les couvrant de compliments et de fausses déclarations d’amour. Une fois qu’elles se montrent intéressées par les propos flatteurs des courtisans, ce sont elles qui se déplacent rejoindre les garçons/hommes. Elles succombent aux messages pressants des faux amoureux sur Whatsapp. Mega, essence, merguez, pizza, chawarma et panini font le reste. Comme si elles n’ont rien à manger à la maison. Ces faux prétendants passent ni vus, ni connus des parents.
Les garçons ont surtout un problème d’identité et d’appartenance sociale. Ils se laissent enrôler par les gangs. Il parait qu’il y a des bons et des mauvais gangs. Pourtant les drogues, l’alcool et la consommation des images pornographiques deviennent vite les passe-temps pour expérimenter des plaisirs interdits. La violence fait partie de la culture des gangs urbains. C’est une question de territoire et de compétition par la démonstration de la force brute. Tout s’apprend dans ces nouvelles tribus où la loi du silence et le sens du secret sont des règles d’or. Autant casser du granite que chercher à leur faire dire la vérité sur leurs comportements à risque. Ils mentent avec aplomb, sans sourciller. Gagner du fric est le but ultime de tout, y compris les deals et rackets des plus petits. Ils mènent plusieurs vies et ont un sens éprouvé du paraître. Ils savent être arrogants, frimeurs et aussi attachants. Comme de bons comédiens. Mais au fonds, ce sont des enfants fragiles, certains en perdition dans l’univers de la drogue et du sexe, en manque d’écoute et parfois d’attention. Ils en ont gros sur le coeur contre les paters et les daronnes. Les barres ne suffisent pas pour leur bonheur. Ils veulent être aimés.
Le nouveau code du bonheur facile pour filles et garçons, c’est avoir une copine ou un copain. Or, beaucoup sortent pour s’amuser et non en vue du mariage. Par peur des parents, les liaisons se lient dans le virtuel et se concluent dans le réel, dans des rapports amoureux artificiels et clandestins. Jusqu’au jour où les conséquences se font sentir sous forme de dépression, agressivité, échec scolaire, grossesses précoces non désirées, avortements, bannissement, conflits familiaux, etc.
Le sexe est une option facile des jeunes pour échapper à l’ennui, pour se sentir aimés et considérés. La sexualité précoce est un appel au secours, une quête d’attention et d’amour. Ils ne pensent pas aux conséquences dont ils ignorent la gravité. Aussi, les adultes doivent les avertir et pas seulement les gronder, frapper et punir. Ce n’est pas une simple question de moyens de protection et de contraception et de punition. Il y a un problème de repères et de mal-être identitaire chez bien des filles et garçons. Il y a plusieurs qui essaient de suivre le droit chemin par respect pour leurs parents. Mais, ils doivent endurer les pressions, les moqueries, les humiliations et les provocations de ceux qui ont sauté le Rubicon. Ils n’ont pas le droit d’être différents et abstinents!!! C’est une injonction. Ils sont contraints de suivre le mouvement et faire comme les autres, malgré eux.
C’est pourquoi, il y a urgence à faire quelque chose pour que nos petits anges ne deviennent pas étranges et en perte d’équilibre et d’avenir.
Dr Nestorine SANGARE,
Communicatrice-Geographe-Sociologue
Directrice Exécutive CRIGED
criged@yahoo.fr
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