l’Association Burkina Camp de l’espoir ( ABCE) a organisé une session de formation à l’intention d’une cinquantaine de personnes déplacées internes pour la restauration de la paix et de la cohésion sociale dans la Kossi.
Ladite formation s’est tenue le samedi 17 juin 2023 dans l’enceinte du jardin du maire de Nouna.
Cette formation a été animée par le secrétaire général de la mairie de Nouna,M.Harouna Zerbo et les responsables de l’ABCE .
l’Association a bénéficié l’accompagnement de la coordinatrice provinciale des femmes de la Kossi,Mme Diarra/Marie Rose Yelkouni .
Une vue présidium au ccérémonial d’ouverture
En marge de ce renforcement de capacité, l’un des responsables de l’ABCE,M.Soumaila Traoré a décliné la mission et la vision de l’association ,qui en un premier temps excellait dans la lutte contre le paludisme,le SIDA et bien d’autres fléaux qui minent le quotidien des Kossilais.
Dans ses détails,il a précisé que l’Association Burkina Camp de l’Espoir ( ABCE) a été créée le 09 janvier 2005 et reconnue officiellement en 2006 .
Son objectif principal est de contribuer au développement humain durable dans la Kossi.
Ses domaines d’intervention sont entre autres la santé, l’éducation, l’environnement,la cohésion sociale,la violence basée sur le genre( VGB).
Sa zone d’intervention s’étend sur toute la province de la Kossi.
Ses principaux partenaires sont le Fonds Commun Genre ( FCG) composé de: l’Ambassade de Danemark,de Suède,de Suisse, l’UNICEF et l’UNFPA dont Diakonia est le gestionnaire du Fonds Commun Genre( FCG).
« La recherche de la paix durable pour notre pays n’est pas que militaire car,il faudra que des armes se taisent un jour et pour laisser la place au dialogue.Autrement dit, l’avènement d’un Burkina de paix et de bien-être des populations passe nécessairement par des canaux de dialogue ,sous l’arbre à palabre entre les filles et fils de ce pays »,tels sont les propos conjointement affirmés par deux ministres de la transition au cours d’un forum initié à Ouagadougou le vendredi 19 mai 2023.
C’est pour promouvoir ces valeurs de paix et de vivre ensemble que Harouna Zerbo a livré sa première communication sur la prévention et gestion des conflits.
D’entrée de jeu, le communicateur a indiqué que le conflit est généralement perçu comme : opposition, rupture, désaccord, mésentente, affrontement,divergences,violences,combat, tension, querelle, différend , malentendu , incompréhension, contradiction ,atteinte à la quiétude .
Pour ce faire,il a cité plusieurs types de conflits qui sont entre autres les conflits liés au foncier,les conflits liés à la chefferie traditionnelle,les conflits liés aux attaques terroristes,les conflits liés à l’accès à l’eau,les conflits intercommunautaires,les conflits entre agriculteurs et éleveurs etc.
Il a soutenu que ces conflits engendrent des conséquences dommageables pour le tissu et la cohésion sociale .
Sur ce,il a invité les participants à s’impliquer activement dans la résolution des conflits intra/ extra communautaires ,au regard de la situation que vit le Burkina Faso ,en privilégiant le mode traditionnel (la médiation et l’arbitrage )pour tout ce qui concerne les conflits le mode traditionnel de la gestion des conflits . C’est le seul mode le plus important de la gestion des conflits ,parce que c’est au sein de la communauté que nous pouvons trouver les solutions en ce qui concerne la gestion des conflits « .
Dans sa deuxième communication, Harouna Zerbo a fait l’ état des lieux du vivre ensemble au Burkina Faso en soulignant que notre pays fait face depuis ces cinq dernières années à la montée de l’extrêmisme violent caractérisé par les attaques armées,contre les forces de défense et de sécurité ; les attaques isolées des symboles de l’État ( préfectures,mairies,écoles ,csps…);les attentats ciblés ( ambassades,hôtels,lieux de réjouissance populaire); les enlèvements de personnes ( expatriés, religieux,élus locaux…) qui se terminent dans la plupart des cas par des assassinats etc.
Au regard de ce constat amer ci-dessus évoqué , ajoute-t-il ,le gouvernement a décidé de mettre un accent particulier sur l’implication des communautés dans la prévention ,la construction et la consolidation de la paix pour une meilleure cohésion sociale.
Ainsi,il a défini que » La cohésion sociale est le vivre-ensemble harmonieux et paisible des Communautés qui permet un accès équitable aux ressources ,cultive les valeurs collectives partagées ( intégrité, solidarité, tolérance,…) dans le respect des droits humains,des lois et institutions de la république ,tout en réduisant les inégalités sociales. »
Les moteurs de la cohésion sociale sont entre autres le vivre ensemble,la solidarité,la tolérance,la reconnaissance des autres,les manifestations de reconnaissance,la considération des minorités.
Au cours de sa communication ,il a énuméré les freins à la cohésion sociale : la pauvreté,le chômage,la mal-gouvernance, l’injustice, l’extrêmisme,toutes formes de discrimination ( l’exclusion,la stigmatisation), l’impunité,la marginalisation,le manque de sentiment d’appartenance.le non accès équitable aux ressources,le refus de la solidarité,la rupture de la chaîne de transmission des valeurs culturelles.
En vue d’ instaurer la cohésion sociale ,il a préconisé qu’il faut promouvoir les valeurs communes et nécessaires au vivre ensemble dont le respect ( mutuel,des aînés,du bien public,des morts ,de l’autorité …),la solidarité,la tolérance, l’intégrité,le travail ( amour,ardeur),le dialogue,la parenté/ alliance à la plaisanterie, l’humilité,la culture de la paix etc.
Les personnes déplacées internes ,pour lui,constituent les acteurs incontournables et dynamiques de mobilisation et de changements positifs dans la préservation de la paix .
A ce titre , elles peuvent jouer un rôle très important dans la promotion de la cohésion sociale au sein des communautés .
Ces deux communications ont été ponctuées par des questions d’éclaircissement et des témoignages des participants.
Harouna Zerbo,administrateur civil et communicateur .
« Nous avons livré deux communications, notamment, la prévention des conflits et résolution des crises communautaires .
Nous avons évoqué les différentes crises que nous rencontrons dans nos communautés, précisément les conflits agriculteurs/ éleveurs,les conflits liés aux ressources naturelles,les conflits en lien avec les questions politiques et diverses .Nous avons donné leurs causes et apporté les différentes résolutions .
Les participants en ont pris conscience .Ils ont justifié les crises qu’ils ressentent à leur niveau.La plupart des crises sont presque les mêmes dans notre région. Au-delà de ça, nous avons fait cas des moyens pour améliorer le vivre-ensemble .Ils en ont fait des propositions dans ce sens.Des moteurs tels que la solidarité,la tolérance et l’acceptation de l’autre dans sa différence ont été cités ainsi que les freins du vivre ensemble qui sont l’injustice, l’impunité,la stigmatisation et la discrimination.Nous pouvons dire que les communications sont bien passées au regard des multiples réactions au cours des échanges.C’est une occasion de faire une mention de reconnaissance à l’ABCE et ses partenaires :Fonds Commun Genre ( FCG) et Diakonia qui ont rendu possible cette formation d’une importance capitale ».
La coordinatrice provinciale des femmes de la Kossi, Mme Diarra/ Yelkouni Marie Rose.
« Nous avons suivi avec intérêt cette formation initiée par l’ABCE et financée par le Fonds Commun Genre ( FCG) et Diakonia.
Nous puissions vous dire que nous sommes émerveillées par la pertinence de la thématique abordée qui relève d’actualité dans notre localité.
Nous avons beaucoup appris.Nous avons également compris ce que c’est que la cohésion sociale,la gestion des conflits et leurs mécanismes de résolution au sein de nos familles et de nos communautés.
Nous avons eu la chance d’avoir la technique de cette collaboration pour mieux inventer la roue du vivre ensemble.Cela nous permettra d’être en paix avec nous -mêmes et aux autres.Nous suggérons à l’ABCE de nous disponibiliser des fiches afin que nous puissions recueillir ou recenser des témoignages des conflits que nous avons pu résoudre avec les connaissances apprises au cours de cette formation sur la cohésion sociale ,la prévention et la gestion des conflits.
Nous sommes prêtes pour fournir par trimestre des rapports à l’ABCE pour lui permettre d’avoir plus de financements afin de gérer cet aspect du vivre ensemble dans un contexte où les personnes déplacées internes doivent être bien outillées pour repartir vivre harmonieusement entre eux . »
Drabo Kadidiatou, présidente de la société coopérative du nébié » Kadi Jeunesse » au secteur 5 de Nouna.
« Nous avons compris à travers cette formation le contours de la prévention des conflits , leurs mécanismes de résolution et la nécessité d’une cohésion sociale pour restaurer le meilleur vivre ensemble.
Nous sommes très ravies d’avoir reçu une telle formation.Nous irons répercuter ce que nous avons appris pour désamorcer les crises au sein de nos familles et nos communautés.Nous pouvons vous rassurer que l’essentiel sera fait pour résoudre certains conflits qui empoisonnent le vivre ensemble.Déjà,nous en connaissons certaines mésententes qui persistaient dans notre quartier à cause de notre ignorance.Sur ce,nous remercions l’ABCE et ses partenaires,Fonds Commun Genre (FCG) et Diakonia qui ont facilité ce renforcement de capacités. »
Zoungrana Marcel, catéchiste à Damandjigui .
« Cet atelier sur la thématique abordée me donne déjà une idée de ce qui ne va pas au sein de mon village.
Ce renforcement de capacité a ouvert nos yeux .
Cela nous permettra de bien cerner les différents conflits et proposer des mécanismes de résolution pour refonder le vivre ensemble.
En tant que catéchiste,ces acquis sont comme une boussole qui va nous orienter dans nos prêches pour promouvoir et vivifier la cohésion sociale.C’est un privilège pour nous d’avoir bénéficié cette formation initiée par l’ABCE.Notre reconnaissance va à l’endroit de cette association et ses partenaires , Fonds Commun Genre (FCG) Diakonia qui nous ont permis de suivre cette session dans les conditions normales et acceptables.
Nous menons un plaidoyer auprès de l’ABCE et ses partenaires pour qu’ils forment les catéchistes,les imams et chefs coutumiers sur les thèmes abordés. »
Zibiri Fatoumata , responsable d’une coopérative de production du soumbala à Kerena.
Nous avons beaucoup appris de cette formation. C’est l’occasion de remercier l’ABCE et ses partenaires, comme le Fonds Commun Genre et Diakonia.
Le communicateur a bien dépeint la situation qui prévaut dans notre localité avant de nous indiquer la voie à suivre pour restaurer la paix et le vivre ensemble.Particulièrement,nous avons des difficultés dans notre association à cause des petits détails inutiles et mesquins .Souvent, nous terminons nos rencontres sans nous comprendre.Mais le contenu de cette formation est un atout qui nous permettra de faire la paix et nous accepter malgré nos divergences.
Au début,nous produisons du Soumbala,mais les mésententes ont poussé certaines de nos camarades à quitter l’association.Ce que nous avons appris au cours de cette session est un tremplin pour se connaître soi-même et supporter les autres en vue de restaurer l’entente,l’entraide ,la solidarité et le vivre ensemble. »
François Dama, déplacé interne de Dembo.
Ce matin nous venons de participer à une formation sur la prévention, la gestion des conflits et la cohésion sociale .
Elle a été initiée par l’ABCE et ses partenaires.Nous profitons à travers votre tribune remercier vivement le Fonds Commun Genre ( FCG) et Diakonia.
Au cours des différentes communications,nous avons compris la nécessité du vivre ensemble au sein des communautés.Nous avons vu des photos où les confessions religieuses sont solidaires entre elles alors que sous d’autres cieux,cette harmonie est une valeur rare. La cohabitation pacifique des religions est un bon exemple pour nous les fidèles.Le communicateur nous a apporté des preuves que nous sommes égaux en droit et en liberté.Nul ne vaut mieux que l’autre.Nous sommes des enfants d’un même Dieu .Nous nous complétons dans ce monde ici bas.Nous déplorons certains écarts qui dérivent certainement de l’ignorance . C’est une invite aux organisateurs d’étendre ces informations au sein des communautés pour restaurer une société plus inclusive et utile à tous.
De notre amère expérience,nous avons vu des parents qui ne se parlent pas durant des années après une altercation qui ne vaut pas la peine .Nous allons jouer notre partition pour rapprocher ces derniers afin de réchauffer le climat du vivre ensemble. »
Sow Geneviève au secteur 6 de Nouna.
« Nous collaborons depuis belle lurette avec l’ABCE qui mène un travail formidable sur le terrain.
Nous sommes revenues nous ressourcer à travers cette formation pour continuer le boulot sur le terrain.
Nous avons appris les enjeux sur la prévention,la gestion des conflits et la cohésion sociale .Les conflits qui entravent le vivre ensemble ont été cités avec leurs mécanismes de résolution.
Le mécanisme traditionnel a été préconisé pour éviter d’entamer la cohésion sociale.Dans notre secteur,nous sommes sollicitées dans la résolution de certains conflits familiaux .
À l’issue de cette session,nous sommes bien outillées pour relever le défi de la résolution des conflits et le vivre ensemble harmonieux.
Madi Sidparaadye Kébré
Burkinaweb.net